samedi 16 juin 2012

Quinze candidats vaincront sans combattre au second tour des législatives


Il reste 541 sièges à pourvoir au second tour des élections législatives, dimanche 17 juin, sur les 577 que compte l'Assemblée nationale. Au premier tour, 36 candidat(e)s ont été élu(e)s - deux représentantes du PS et un de l'UMP - ou réélu(e)s. Au second, 13 candidat(e)s seront seul(e)s en lice...
Une petite cinquantaine de candidat(e)s - 51 précisément - aborde le second tour des législatives le coeur léger. Ils et elles ne courrent plus aucun risque.
Il y a d'abord, ceux qui éviteront aux électeurs de leur circonscription de se déplacer jusqu'aux bureaux de vote, le 17 juin, car ils ont été élus ou réélus dès le premier tour. Ils sont 36 dans ce cas dont les deux tiers sont des socialistes et des radicaux de gauche qui siègent dans le même groupe au Palais Bourbon.
Ensuite, il y a ceux qui ont bénéficié, au terme du premier tour, du désistement d'un concurrent appartenant, généralement, au même bloc politique. Ces derniers évitent ainsi un ballotage au candidat arrivé en tête. C'est cette hypothèse que refuse Olivier Falorni, le dissident socialiste à La Rochelle (Charente-maritime) dans la 1ere circonscription où se présente Ségolène Royal.
Cette attitude choque d'autant plus une partie de la gauche qu'il est de tradition, de ce côté là de l'échiquier politique, de pratiquer ce qui est appelée la "discipline républicaine". Elle permet au candidat le mieux placé au premier tour d'avoir le champ dégagé pour le second, soit parce qu'il se retrouve seul, soit parce qu'il n'a plus de concurrent de son propre camp.
Cinq candidats uniques en Seine-Saint-Denis
Le code électoral prévoit que peuvent se maintenir pour le second tour les deux candidats arrivés en tête au premier ainsi que ceux ayant obtenu au moins 12,5% des inscrits. Si un des deux candidats arrivés en tête se retire, et qu'aucun autre n'a franchi la barre des 12,5%, il ne reste en lice qu'un seul prétendant à la députation, assuré alors d'être élu.
C'est justement ce qui se passe dans 15 circonscriptions où deux candidats de gauche - Parti socialiste et Parti radical de gauche, Europe écologie-Les Verts, Front de gauche ou divers gauche - sont arrivés en tête sans que le candidat classé troisième atteigne un score équivalent au moins à 12,5% des inscrits.
Cinq de celles-ci se situent en Seine-Saint-Denis, un département assez largement dominé par la gauche : le PS aujourd'hui, le PCF du milieu des années 1960 au début des années 2000. Il appartenait à la "ceinture rouge de Paris".
Le 17 juin, trois socialistes - Bruno Le Roux (1ere circonscription), l'ancienne ministre Elisabeth Guigou (6e) et Razzi Hammadi (7e) - et deux communistes - l'ancienne secrétaire nationale du parti Marie-George Buffet (4e) et François Asensi (11e) - seront élus avec 100% des suffrages exprimés... sans combattre, après application du "désistement républicain".
Trois autres dans le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine
A contrario, un candidat communiste, Patrick Braouezec dans la 2e, a refusé d'appliquer ce principe en faveur du candidat socialiste, Mathieu Hanotin, qui l'avait devancé au premier tour. Cela lui a valu d'être désavoué par la fédération départementale du PCF. Il y aura donc une second tour avec deux candidats de gauche.
Autre département de cette "ceinture rouge",  le Val-de-Marne, l'un des deux derniers dirigés par le PCF, verra un second tour avec candidat unique dans deux circonscriptions : la 10e avec Jean-Luc Laurent, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC, chevènementiste), et la 11e avec Jean-Yves Le Bouillonnec (PS).
Dans les Hauts-de-Seine, plutôt considéré comme un fief sarkozyste, un socialiste - Alexis Bachelay - partira seul dans la 1ere circonscription après le retrait du député communiste sortant, Roland Muzeau.
Dans une autre circonscription de ce département, la 11e, la députée sortante PCF, Marie-Hélène Amiable, s'est retirée également, au profit de la candidate PS, Julie Sommaruga, mais cette dernière devra affronter le maire (Nouveau centre) de Montrouge, arrivé troisième avec plus de 12,5% des inscrits.
Un seul candidat unique de droite, à Paris
En Seine-maritime, deux candidates PS - Luce Pane (3e) et Catherine Troallic (8e) - vont faire une première entrée à l'Assemblée comme nouvelles députées, sans souci. La première a devancé un concurrent du Front de gauche, la seconde a coiffé sur le fil un député sortant du même camp, Jean-Paul Lecoq, qui a joué le jeu du retrait.
Dans le Nord, deux députés sortants du Front de gauche - Jean-Jacques Candelier (16e) et Marc Dolez (17e)  - ainsi qu'une candidate socialiste - Anne-Lise Dufour-Tonini (19e) qui sera donc une nouvelle députée - sont aussi bénéficiaires du "désistement républicain".
Dans le Cher, Nicolas Sansu (Front de gauche) bénéficie du retrait de la candidate socialiste dans la 2e circonscription et se retrouve seul.
Seul candidat de droite à profiter de ce système de retrait, Bernard Debré (UMP), brièvement ministre d' Edouard Balladur (novembre 1994 à mai 1995), se retrouvera seul face aux électeurs de la 4e circonscription de Paris, après le retrait de Brigitte Kuster,  dissidente de son parti.
En général, les candidats uniques de second tour sont élus au terme d'une assez maigre participation. Ce qui pose, pour certains, la question de la légitimité d'un tel principe qui fait peu de cas des électeurs. 

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