samedi 16 juin 2012

Le programme du Syriza pour 2012 – Economie, immigration, sécurité

Le programme du Syriza pour 2012 – Economie, immigration, sécurité


“Partager” (économie), “aimer son prochain comme soi-même” (immigration), et… “tu ne tueras point” (sécurité et politique étrangère).
Après avoir abordé les autres partis qui ont le vent en poupe, peut-on résumer ainsi le programme du SYRIZA (Gauche radicale ou extrême gauche selon les points de vue), qui dans les sondages postérieurs à l’élection qui l’a placé deuxième, est donné pour être le premier parti de Grèce?

Voici quelques points clés du programme du SYRIZA pour 2012 (résumés par le site politique parapolitika.gr, vérifiés sur le site du SYRIZA left.gr traduits et classés par votre serviteur).
Le SYRIZA est évidemment opposé au plan d’austérité et favorable à un certain nombre de nationalisations.
- Economie
. Refus du plan d’austérité.
. Embauches massives dans la santé, l’éducation et les services sociaux. Programme immédiat de création de 100.000 nouveaux postes de travail (hôpitaux, écoles, organismes liés à la politique sociale).
. Augmentation des indemnités pour les licenciements; mesures spéciales pour les chômeurs de longue durée ou de plus de 50 ans.
. Salaire minimum porté au niveau moyen des pays de l’UE 15 soit 1300 euros par mois.
. Augmentation des retraites.
. Retour à la propriété publique de tous les services publics et de tous les organismes dans les domaines de l’énergie, des télécommunications, des ressources en eau, des transports, des infrastructures (ports, aéroports, marinas, routes, installations touristiques etc), transparence et contrôle populaire du système d’attribution et  d’exécution des grands projets et des politiques foncières.
. Etant précisé que les nationalisations ne concernent pas seulement le titre de propriété mais aussi la modification de la structure des entreprises publiques avec participation des salariés dans la prise de décision et contrôle social, de sorte que les entreprises ne soient pas au service de l’accumulation capitaliste, mais des besoins sociaux.
. Formation d’un pôle d’intervention étatique dans le système bancaire, avec pour pilier la Banque Nationale, la Banque agricole et la banque postale, qui passent sous contrôle public et deviennent propriété publique. Grâce à ce pôle,  nouvelle politique sur le crédit,  qui encourage la croissance, soutient les PME, les micro-entreprises et l’économie rurale, encourage des politiques sectorielles et renforce les secteurs les plus pauvres.
. Nationalisation de chaque banque incapable de remplir ses obligations et de servir les déposants et qui a besoin du soutien de l’état.
. Refus de la privatisation de la  compagnie Olympic ariways, de l’OTE (France telecom grec)de la libéralisation du secteur ferroviaire, des ports du Pirée et de Thessalonique et développement de ces ports ainsi que de celui d’Higoumenitsa.
A noter que certaines composantes du SYRIZA parlent de nationalisation de toutes les banques ( http://www.parapolitika.gr/ArticleDetails/tabid/63/ArticleID/435511/Default.aspx)
Le SYRIZA considère que tout cela pourrait être rendu possible par une grande mobilisation des forces de gauche européennes.
- Immigration
(sources parapolitika.gr  et
http://www.left.gr/article.php?id=289):
. Facilitation du regroupement familial des immigrés.
.  Facilitation de la naturalisation des immigrés et notamment de leurs enfants.
. Suppression de toute limitation à l’accès à la santé publique et à l’éducation pour les migrants.
. Suppression des camps de rétention d’étrangers et création de centres ouverts aux conditions dignes.
. Élimination des expulsions informelles en mer Egée et à la frontière de l’Evros.
. Suppression de l’expulsion et de la rétention administrative des mineurs.
. Suppression du corps des garde frontières
. Régularisation et sécurité sociale pour tous les immigrés qui travaillent.
. Enregistrement de “leurs droits politiques et sociaux”, droit de vote et d’éligibilité.
. Asile politique aux réfugiés.
. Nationalité à tous les enfants qui naissent en Grèce ou qui y sont arrivés à un jeune âge.
. Nationalité automatique après 7 ans de présence.
. Intégration sociale des immigrés et droits égaux.
. Déconnexion de l’octroi de l’autorisation de séjour et du paiement d’un certain nombre de timbres fiscaux.
Le SYRIZA ne précise pas quel sera le ratio Grecs/migrants après un tel appel d’air, vu le contexte grec (seule mesure contre l’immigration: le leader du SYRIZA comme d’autres voix en Grèce souhaiterait une renégociation des accords de Dublin 2 qui obligent la Grèce  à empêcher les clandestins d’atteindre un autre pays européen; en revanche les autres mesures proposées paraissent pour le moins surprenantes vu la crise migratoire traversée par la Grèce).
- Eglise et Religion
. Expropriation de tous les biens immobiliers de l’église et des monastères et taxation de tous les revenus de l’église.
. Suppression de l’enseignement du catéchisme par une approche scientifique du phénomène de la religion, école a-religieuse.
. Séparation totale des rôles église/état avec compétence absolue de l’état y compris sur la question des cours de religion. Suppression du serment religieux.  Enseignement religieux portant sur toutes les religions.
- Sécurité/défense/Armée
. Démilitarisation (sic) des forces de sécurité et désarmement des unités de la police pendant la durée des mouvements syndicaux et des  manifestations politiques.
.Suppression des unités spéciales (MAT= équivalent des CRS)  et des corps spéciaux (garde frontières, garde-champêtres).
.Interdiction de l’utilisation des gaz chimiques et de balles plastiques pendant les manifestations, les grèves et toute forme de mobilisation collective.
. Prisons : création d’une charte du détenu; humanisation des conditions de détention, interdiction des prisons ne respectant pas les conditions de vie humaines et dignes.
. Retrait des forces militaires grecques de “missions qui constituent une ingérence de l’impérialisme dans les pays étrangers. Notre devise est: aucun soldat en dehors des frontières de son pays.”
. Suppression immédiate des bases de l’OTAN à  Souda et Akrios: “nous ne voulons pas la Grèce dans l’Otan ni l’Otan en Grèce et nous combattons pour son démentellement”
. Service militaire de 6 mois; reconnaissance de l’objection de conscience avec un service social.
. Réduction drastique des armements et des dépenses militaires [le SYRIZA ne précise pas lesquelles alors qu'elles ont déjà énormément baissé) en faveur de la couverture des besoins sociaux. Selon le SYRIZA ces dépenses fondamentalement servent les plans de l'OTAN.
- Société
. Dépénalisation de l'utilisation, de la détention, de la cession de toutes les substances (stupéfiantes) sans exception pour usage personnel. . Traitement des utilisateurs comme des malades. Mesures pour couper les utilisateurs du commerce illégal.
- Education
. Suppression de la loi sur les collèges d'études privée et absorption des étudiants pas le système éducatif public. Etudes secondaires gratuites.
. Embauches massives de milliers de postes vacants dans le domaines de l'éducation.
. Défense et extension de l'asile et des libertés académiques et syndicales dans les établissements d'éducation.
- Santé
. Embauches massives de personnel médical  et amélioration de leurs conditions d'exercice.
Pour conclure : Europe Grèce avait supprimé le terme "extrême gauche" au profit de celui de "gauche radicale" pour parler du SYRIZA à la demande de certains lecteurs du blog. Chacun jugera.
Sur le contexte géopolitique actuel dans la région: Archives de la Catégorie 8- Relations gréco-turques
Dans la mesure où il n'est pas facile de résumer un programme, les commentaires sont ouverts à tous ceux qui voudraient compléter et donner un autre avis.
Vous aurez sûrement perçu quel est le mien.
Mise à jour du 22/05/2012: Où sont passés les chiffres du programme?

Précision. La seule version que le SYRIZA présente désormais sur ses sites (left.gr et syriza.gr) comme étant son programme ne comporte plus tous les chiffres.
Sentir le vent du pouvoir comme on sent le vent du boulet, semble avoir un effet sur les rêves des partis politiques grecs (mais pas seulement).
Une petite polémique est donc en train de naître en Grèce pour savoir où sont passés les chiffres et notamment les 100.000 embauches, chiffre que le SYRIZA a diffusé via ses affiches, son site, etc.
La version actuellement présentée sur le site du SYRIZA comme étant le programme, contient les mêmes propositions mais en moins chiffré et en moins précis :
-    les embauches dans le secteur public sont toujours là, mais il n'est plus précisé combien de monde cela concerne (disparition du chiffre de 100.000);
-    la "régularisation des immigrés qui travaillent" devient "des droits égaux pour les immigrés" ou encore "la régularisation des immigrés " au détour d'une phrase, sans précision sur le point de savoir si cela ne concerne que ceux qui travaillent, ou tous (Par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la volonté de régulariser les immigrés - le texte ne différencie pas selon qu'ils travaillent ou pas - point 1.9).
-    pour les biens de l'église on parle désormais "d'utilisation et réaménagement des biens de l'église" sans utilisation du terme renvoyant aux expropriations et en précisant que c'est pour les sans abris (mais de toute façon par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la nationalisation de la propriété ecclésiastique et monastique - point 1.3)
Concernant les banques par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la volonté de nationaliser les banques sans que le texte ne comporte de distinction entre les banques concernées (point 1.6  )
Dans le programme il est précisé  :
"Le système financier peut et doit devenir public et être réformé fondamentalement en un nouveau système de banques, avec une administration et une gestion  démocratique et transparente avec une forte participation et de forts droits de contrôle des travailleurs. C'est ce que nous entendons par le slogan: Nationalisation-Socialisation  des banques. En fonction de leur mission les banques peuvent appartenir à différentes entités publiques, gouvernementales et non-étatiques, par exemple des coopératives, avec la garantie et la protection de l'Etat. Leur seule préoccupation sera la protection des dépôts et le développement avec des critères sociaux et écologiques avec interdiction de toute  autre activité spéculative."
Certains sites locaux du Syriza continuent de proposer la version complète, comme la section du Syriza de la ville de Larissa, qui propose la liste point par point intitulée "objectifs programmatiques"  qui étaient présentés auparavant à la page intitulée "le programme du Syriza" du site http://www.syriza.gr/.
Précisons qu'il existe un résumé en anglais, très partiel, encore moins chiffré et moins précis que la version grecque : http://www.left.gr/article.php?id=759

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