Echec de la médiation Juppé à l'UMP, Fillon va en justice

PARIS
(Reuters) - La médiation d'Alain Juppé dans la crise déclenchée à l'UMP
par l'élection contestée à la présidence du parti a échoué dimanche et
le conflit entre Jean-François Copé et François Fillon menace de
s'aggraver lourdement en arrivant devant les tribunaux.
François Fillon, ancien Premier ministre, a en effet
annoncé qu'il allait demander aux tribunaux de "rétablir la vérité des
résultats", un litige judiciaire concernant un grand parti de
gouvernement sans précédent en France et qui pourrait préluder à un
éclatement du principal parti d'opposition français.
Président-fondateur de l'UMP en 2002, Alain Juppé a
annoncé peu après le début d'une réunion avec les deux rivaux à
l'Assemblée nationale vers 19h00 que les conditions de sa médiation
n'étaient pas réunies et que sa mission était terminée.
Jean-François Copé a annoncé à la presse ensuite qu'il
s'en tenait à l'examen du litige par la commission des recours internes à
l'UMP, une instance dont François Fillon conteste la légitimité.
"Il n'y a à ce stade pas de médiation en tant que
telle, la médiation viendrait plutôt ultérieurement, après la
proclamation des résultats par la commission", a-t-il dit.
François Fillon a répliqué par un communiqué au ton
très dur dans lequel il estime que son rival "porte seul la
responsabilité d'un échec qui touche (le) parti et compromet au-delà,
l'image de l'action politique".
"Soucieux de sortir de l'impasse dans laquelle les
coups de force successifs de Jean-François Copé ont plongé notre parti,
je saisirai la justice pour rétablir la vérité des résultats et rendre
la parole aux militants", ajoute François Fillon.
Nicolas Sarkozy était auparavant intervenu pour la
première fois en faisant savoir qu'il s'était entretenu par téléphone
avec Alain Juppé et qu'il était "favorable à toute initiative qui peut
permettre de régler la situation", a dit son entourage à l'Agence
France-Presse.
Dans la matinée, Alain Juppé, qui qualifiait sa mission
de "galère", proposait la création d'une nouvelle instance de quatre
membres sous sa direction, pour sortir de l'impasse.
LES FILLONISTES QUITTENT LA COMMISSION DE RECOURS
Le résultat proclamé lundi par la commission interne de
contrôle des opérations électorales donnait la victoire à Jean-François
Copé avec 98 voix d'avance sur plus de 150.000 votants.
Cette commission a ensuite admis qu'elle avait oublié
les votes de trois fédérations d'outre-mer et que leur prise en compte
inversait le résultat avec 26 voix d'avance pour François Fillon, selon
ce dernier.
Les deux camps s'accusent par ailleurs réciproquement
de fraudes massives, François Fillon ayant même employé le terme de
"mafia".
Dimanche matin, les partisans de François Fillon ont
quitté la réunion de la commission des recours du parti, sorte de "cour
d'appel" interne appelée à se prononcer, mais vue comme partiale par les
partisans de l'ex-Premier ministre.
Elle est présidée par Yannick Paternotte, un proche de
Jean-François Copé, qui peut compter sur plusieurs de ses membres.
L'avocat Francis Szpiner, protagoniste des procès des
"affaires" de la Ville de Paris et partisan de Jean-François Copé, est
alors apparu pour expliquer que la commission poursuivrait ses travaux
malgré ce qu'il a qualifié de "dérobade" des fillonistes. Il voit le
résultat comme acquis.
"Non seulement Jean-François Copé a été élu président
de l'UMP de manière indiscutable, mais avec un écart de voix beaucoup
plus large que celui proclamé", a-t-il dit à la presse.
L'équipe Copé était arrivée ostensiblement devant les
caméras avec un épais dossier rouge censé receler les preuves de la
fraude imputée à l'autre camp. La commission des recours doit poursuivre
ses travaux lundi.
Un sondage publié par le Journal du dimanche montre que
71% des Français (67% pour les sympathisants UMP) souhaitent un nouveau
vote des militants et 42% à peine (24% à l'UMP) estiment que l'affaire
devrait aller devant la justice.