lundi 11 juin 2012

La gauche veut un front républicain anti-FN, l'UMP refuse

La gauche française, en position d'emporter une majorité absolue à l'Assemblée après le premier tour des législatives, s'oppose à la droite avec une stratégie de désistement réciproque dite de "front républicain" contre l'extrême droite, refusée par l'UMP.
Le premier tour, marqué dimanche par une abstention record de 42,77%, a placé largement en tête le Parti socialiste et ses alliés, cinq semaines après l'élection de François Hollande à la présidence de la République.
Le PS et ses alliés divers gauche et radicaux sont crédités de 34,4% des voix mais le total de la gauche avec les écologistes (5,46%), le Front de gauche (6,91%) et divers régionalistes et extrême gauche s'élève à plus de 49% en incluant toutes les nuances, selon les derniers résultats publiés lundi par le ministère de l'Intérieur.
L'UMP et divers partis satellites sont à 34,67%, le FN et des divers d'extrême droite sont à 13,79%.
Trente-six députés sont élus dès le premier tour, dont 22 socialistes, parmi lesquels le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Nantes, selon l'Intérieur. Aucun ministre n'est en réelle difficulté au premier tour, ce qui écarte a priori l'hypothèse d'un remaniement forcé, puisqu'a été édictée la règle que tout battu devrait démissionner.
"Tous les ministres sont en situation de l'emporter", a confirmé le n°2 du PS Harlem Désir sur i>télé.
L'ex-ministre de l'Intérieur UMP Brice Hortefeux a ironisé lundi sur RTL sur le succès de la gauche, selon lui limité à une "vaguelette". La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a répliqué en estimant que le score de l'UMP constituait une "marée basse bleue".
Les projections des instituts de sondage semblent promettre une majorité absolue à la gauche - qui se situe à 289 sièges - sans que le PS soit certain de l'obtenir seul.
LE FN PEUT SE MAINTENIR DANS ENVIRON 60 CIRCONSCRIPTIONS
Avec 13,60% des voix, le Front national peut se maintenir dans 61 circonscriptions, dont 32 triangulaires, moins qu'attendu mais suffisamment pour qu'un débat s'amorce.
L'UMP devait réunir son instance dirigeante à 15h00 (13h00 GMT) mais son secrétaire général Jean-François Copé a déjà laissé entendre qu'il était très probable que son parti refuse le "Front républicain", c'est-à-dire un vote PS contre le FN.
La ligne du "ni ni" (ni FN, ni front républicain) décidée par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé pour les cantonales de 2011 devrait l'emporter lors de cette réunion.
Selon un sondage Ipsos pour France Télévisions, Radio France, Le Monde et Le Point, deux tiers des électeurs UMP sont pour un accord de désistement mutuel entre un candidat de droite et un candidat du FN quand il s'agit de battre la gauche au second tour.
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a répété que son parti maintenait sa ligne devenue traditionnelle depuis son appel à voter pour Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002 qui l'opposait à Jean-Marie Le Pen.
"Nous n'avons pas besoin de réunir le comité politique comme le fait aujourd'hui l'UMP pour prendre une position qui a été toujours la nôtre, le désistement républicain. Nous appelons à faire battre le FN", a-t-elle dit sur France Inter.
Elle a ainsi demandé lundi à la candidate socialiste Catherine Arkilovitch de se retirer dans la 3e circonscription du Vaucluse, où elle est troisième avec 21,98%, pour "faire barrage du Front national" représenté par Marion Maréchal-Le Pen, en tête avec 34,63% des voix.
BAYROU TRÈS MENACÉ, ROYAL EN POSITION DIFFICILE
Le Front national a laissé entendre avant le premier tour qu'il avait une "liste noire" de personnalités de droite et de gauche qu'il souhaitait faire battre. Le FN n'a pas exclu des arrangements au cas par cas avec l'UMP sans le formuler explicitement.
Le FN espère faire son retour à l'Assemblée après 26 ans d'absence, en premier lieu dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais où Marine Le Pen est arrivée en tête devant le candidat socialiste avec 42% des voix, éliminant le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon.
Il y aussi le Gard, où l'avocat Gilbert Collard affrontera la candidate socialiste en position favorable, la Moselle, l'Oise, ainsi que l'Aisne, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.
L'attention se porte aussi pour le second tour sur le cas de l'ex-candidat centriste à la présidentielle François Bayrou, très menacé si la triangulaire permise par les scores du premier tour dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques est confirmée.
Le PS exclut de retirer sa candidate arrivée en tête, a dit Martine Aubry. Jean-François Copé a laissé entendre que l'UMP maintiendrait son candidat contre lui.
Martine Aubry et plusieurs dirigeants du PS ont par ailleurs appelé le dissident PS Olivier Falorni à se retirer du second tour qui l'opposerait à Ségolène Royal - qui brigue la présidence de l'Assemblée - à La Rochelle.
Olivier Falorni a dit dans plusieurs médias qu'il refusait car selon lui laisser une candidature unique relève d'un régime "à la Napoléon III". L'UMP ne se prononcera pas car c'est une "affaire interne au PS", a dit Jean-François Copé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire