Communiqué du comité
central du KKE sur le résultat des élections
du 6 mai
Les résultats électoraux
révèlent manifestement un bouleversement de la
vie politique telle qu'elle nous était
coutumière, la fin de l'alternance entre les
deux partis dominants, PASOK et Nouvelle
démocratie. Nous avançons vers une phase de
transition où il y aura des tentatives de créer
une nouvelle scène politique avec de nouvelles
formations, de nouvelles figures avec une
orientation de centre-droit ou basée sur une
nouvelle social-démocratie dont le cœur serait
SYRIZA, visant à faire obstacle à la montée de
positions radicales au sein du peuple qui
pourrait faire évoluer la situation vers une
rupture qui irait dans les intérêts du peuple.
Il y aura des tentatives pour former un
gouvernement, que ce soit à partir de ces
élections ou des suivants, un gouvernement
auquel participeraient tous les partis, soit un
gouvernement d'union nationale soit une
coalition gouvernementale visant justement à
empêcher la constitution d'un courant
majoritaire qui lutterait pour le changement.
Nous nous adressons aux
adhérents du parti, aux membres de la KNE, à nos
amis, sympathisants, électeurs, à ceux qui
travaillent avec le parti, à tous ceux qui ont
été avec nous en première ligne du mouvement et
de la bataille électorale, et nous vous appelons
à être en première ligne des luttes à venir car
la pression monte, il y a actuellement des
questions cruciales, comme celle des conventions
collectives, de la protection des chômeurs, de
la faillite des caisses de sécurité sociale, des
nouvelles mesures qui s’élèveront à 11,5/14,5
milliards d'euros et qui seront payés de la
poche du peuple. Il n'y a pas de temps à perdre.
Le peuple n'a pas de temps à perdre.
Nous encourageons les
électeurs du PASOK et de la Nouvelle démocratie
en particulier, ceux qui font partie de la
classe ouvrière et des couches populaires à être
en première ligne également, avec nous et les
militants, dans les luttes, sur les lieux de
travail, dans les écoles et les universités,
dans les quartiers populaires. Ce sont eux qui
doivent apporter un nouvel élan et un caractère
de masse à la lutte. Nous appelons les
travailleurs à ne pas se laisser duper par les
tentatives de travestissement du système
politique qui vont avoir cours dans les
prochains jours, les prochains mois. Les
résultats électoraux, bien que les voix se
soient dispersés dans deux directions opposées,
à droite comme à gauche, sont révélateurs
objectivement d'une tendance positive : que des
changements radicaux sont en train de mûrir ou
vont mûrir dans la conscience populaire, que le
mouvement pour une véritable rupture est en
train de faire son chemin et que ce mouvement
n'est plus si éloigné, ou encore qu'il ne
s'inscrit pas en opposition avec les
propositions politiques du KKE concernant les
problèmes immédiats, pour le pouvoir populaire
et ouvrier.
Nous considérons comme un
point important, positif et un formidable point
d'appui pour la période à venir que nous soyons
parvenus à affronter tout seul l'ensemble des
forces pro-européennes, pro-UE, quelles que
soient les positions adoptées concernant le
mémorandum, le fait que nous nous soyons battus
pour faire avancer nos propositions alternatives
qui vont dans les intérêts du peuple. Nous
estimons que ces propositions constituent un
point d'appui important pour le peuple et, bien
sûr, qu'elles peuvent donner un nouvel élan aux
luttes populaires. Nous avons la sensation que
nos responsabilités et notre rôle, par rapport
aux problèmes que rencontre notre peuple, ne
vont faire que s'accroître et nous croyons, en
fait nous en sommes certains, que nous
continuerons à être une force irremplaçable, la
seule qui défende les intérêts du peuple.
Concernant
les résultats électoraux du KKE : bien entendu,
le Comité central rendra une analyse plus
globale après avoir étudié les résultats dans
son ensemble et les évolutions de notre
électorat dans chaque région afin d'en tirer des
conclusions plus exhaustives. Mais ce que nous
pouvons dire, c'est que le KKE a littéralement
franchi les obstacles qui lui ont été posés,
dans deux directions différentes. D'une part, il
y avait la colère, la protestation,
l'indignation qui était absolument justifiée
mais sans aucune perspective, de l'autre il y
avait les illusions. Comme les résultats le
prouvent, le KKE a légèrement progressé.
Naturellement, nous aurions préféré une
progression plus importante. Néanmoins, je dois
dire que le Comité central et le parti dans son
ensemble n'avaient aucune illusion sur une
augmentation exponentielle du nombre de voix du
KKE car les performances électorales du KKE est
avant tout liée à la formation pas uniquement
d'un mouvement populaire militant mais bien à la
formation d'un puissant courant majoritaire qui
devra s'émanciper tant des fausses alternatives
que des illusions sans cesse ranimées.
Le KKE a
rendu public en temps opportun, c'est-à-dire
avant les élections et sans la moindre
hésitation, quelle serait sa position face à
n'importe quel gouvernement qui pourrait sortir
des élections, qu'il soit de centre-droit, de
centre-gauche ou de « gauche » comme on nous le
présentait traditionnellement ou dans le cas
d'un gouvernement d'union nationale ou
trans-partisan comme cela apparaît désormais.
Nous
clarifions notre position : bien entendu, nous
sommes certains que ni le PASOK ni la Nouvelle
démocratie ne nous fera de proposition. Ils
connaissent bien l'ampleur des divergences qui
nous séparent. Mais nous souhaiterions répondre
une nouvelle fois aux propositions que SYRIZA a
réitérées après les élections, concernant un
gouvernement de gauche. Nous répondrons
clairement, sans même mentionner ce que tout le
monde peut voir, c'est-à-dire que les voix et
les sièges ne sont pas suffisants. Peut-être
SYRIZA pense que cela suffit, ce qui voudrait
dire qu'il va tenter d'emporter le soutien et
les voix de députés d'autres partis. Nous
souhaitons clarifier notre position : nous
continuons à dire non à cette collaboration, car
en fin de compte, nous n'adaptons pas nos
positions de fond aux fluctuations
conjoncturelles de nos résultats électoraux.
Nous
avons que le président de SYRIZA va demander à
nous rencontrer et qu'ils vont vouloir entamer
des discussions de couloir autour du programme
d'un futur gouvernement de coalition.
Logiquement, quiconque aurait émis une
proposition de coalition gouvernementale aurait
dû afficher dans le détail, avant les élections,
que ce qu'il comptait faire en juin, en juillet,
sur des questions très concrètes au lieu d'en
rester aux mots d'ordre généraux et aux
dénonciations vagues du mémorandum. Ou au moins,
ils devraient être prêts à le faire maintenant.
Que veulent-ils exactement ? Nous avons juste
entendu quelques mots sur certaines prestations
sociales, et d'autres déclarations de ce type.
Néanmoins
un gouvernement, peu importe sa composition,
devra affronter l'ensemble du spectre des
problèmes. Il devra non seulement dénoncer le
mémorandum mais rétablir les acquis remis en
cause avant le mémorandum – car la plupart de
nos acquis ont été perdus avant le mémorandum –
ainsi que tous les autres remis en cause après
le mémorandum. Un gouvernement devra gérer
l'ensemble de la situation et pas seulement les
allocations-chômage, comme cela fut évoqué. Il
devra traiter des questions économiques, de la
position des grands groupes économiques
vis-à-vis des travailleurs, de la liste des
privatisations actées ces dernières années. Il
devra traiter les questions de politique
étrangère, des obligations générales qui
découlent de notre participation à l'UE, à
l'OTAN, de notre alliance stratégique avec les
Etats-unis. Il n'y a pas de gouvernement qui
puisse déchirer les accords concrets, se réduire
à d'abstraites considérations politiques et ne
puisse mettre en avant que les mesures se
projetant dans un avenir proche.
Pour
s'entendre sur un tel gouvernement, le KKE
devrait réaliser une volte-face, une culbute et
non pas une simple retraite, un petit virage. Il
s'agirait d'un changement d'orientation et de
principes. Et avant tout il faudrait réaliser
d'inacceptables compromis qui n'auraient rien à
voir avec les intérêts du peuple. Peut-être les
gens ne voient pas d'intérêt dans les querelles
sur la pureté idéologique des différents partis,
mais ils sont intéressés qu'un parti qui durant
toutes ces années, dès sa fondation, a été en
première ligne des luttes, refuse désormais
d'abandonner ces positions pour gagner quelques
strapontins ministériels. Ce n'est pas de ce
KKE-là dont le peuple a besoin.
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