lundi 6 juin 2011

raport // Maroc Mission d'observation du 3 juin 2011 à Safi Condition de la mort de Kamal Amari

Maroc

Mission d'observation du 3 juin 2011 à Safi

Condition de la mort de Kamal Amari le 2 juin 2011

Ce vendredi 3 juin 2011 AFD International et Me Samira Gazzaz Avocate au Barreau de Bruxelles se sont rendus dans la ville de Safi (Maroc) dans le but d'enquêter sur la mort du jeune Kamal Amari décédé dans des circonstances inquiétantes.

Les observateurs ont pu rencontrer d’une part, les frères de Kamal Amari, Abdelilah Amari, Nordin Amari, Mohamed Amari qui ont expliqué comment leur frère a été tué et d’autre part, le comité de coordination du mouvement 20 février de la ville de Safi.

La première rencontre s'est déroulée au domicile d'un ami de la famille.

La seconde rencontre s’est tenue dans les locaux du parti politique « Union Socialiste Unifié » de Safi avec une délégation des jeunes du mouvement du "20 février".

Ces deux rencontres ont permis aux observateurs de recouper les informations récoltées.

Le décès fait suite à une répression accrue des manifestations depuis le 22 mai 2011 et qui a connu son paroxysme le 29 mai 2011.

Un rapport détaillé reprenant l'ensemble des constats et témoignages de la famille du défunt mais également des jeunes du mouvement du 20 février, victimes des mêmes pratiques violentes lors des deux dernières manifestations du 22mai 2011 et du 29 mai 2011 est en cours d’élaboration

Kamal Amari est né le 24 aout 1981, il était universitaire en physique.

Il donnait des cours du soir en mathématique et physique.

Depuis quelques mois, faute de trouver un emploi dans son domaine, il travaillait en tant que gardien pour une société privée au port commercial de Safi.

De nature très calme et apprécié de tous, il faisait partie des citoyens qui répondent régulièrement aux appels des manifestations du collectif du 20 février de la ville de Safi.

Le 29 mai 2011 de retour de la manifestation pacifique dans sa ville sur le chemin de son travail, il est accosté par des policiers qui lui demandent les papiers de sa mobylette.

A la question "Faisiez-vous partie de la manifestation ? » Kamal répondit très naturellement "Oui".

C'est à ce moment que l'enfer commence pour lui. Il est frappé d'après les témoins par 7 policiers, aucune partie de son corps n'est épargnée, des coups de poing, de pieds les forces de l’ordre utilisent des matraques

Les témoins parlent d’une violence inouïe et gratuite.

Dans cette ambiance de peur et de panique, Kamal Amari, ne sera conduit chez lui que tardivement dans un état très dégradé.

Kamal n'osera pas se rendre à l'hôpital de peur d'être à nouveau arrêté et torturé, mais face aux douleurs, il se résigne à se rendre à l’Hôpital Mohammed V de Safi.

En effet, des rumeurs circulent sur la présence des forces de l’ordre au sein de l'hôpital arrêtant tous les blessés se présentant aux urgences.

Des vidéos sur internet nous montre un Kamal agonisant à petit feu (voir vidéo) qui s'éteindra le jeudi dans le même hôpital.

La rencontre avec les membres du comité du 20 février nous à permis de confirmer les pratiques utilisées par les "Aigles"[1] qui interpellent les manifestants avant l’heure des rassemblements ou pendant et les jettent dans des camionnettes banalisées afin de les conduire en dehors de la ville (Minimum 15 km) lors du trajet, ils sont frappés, insultés, menacés.

A l’arrivée, leurs tortionnaires les sortent des camionnettes, leurs confisquent carte d’identité, téléphone portable, argent, chaussures, et les laissent ainsi dans l'obscurité, loin de tout, dans un état physique et psychique très dégradé. Plusieurs victimes ont confirmé ces mêmes pratiques :

Monsieur Othman Hanzaze déclare être passé par ces camionnettes.

Le 29 mai 2011, il a été molesté, insulté, menacé. On lui a confisqué, sa carte d’identité, deux téléphones portables et son scooter. Il a été laissé à près de 15 Km de Safi.

Monsieur Hafid Zarzar déclare également être victime des « aigles » le 29 mai 2011.

Il était présent et nous avons pu constater les blessures laissées sur son corps par les policiers, sa jambe gauche était de couleur bleue, gonflée de partout, et il est incapable de marcher.

Les mêmes faits nous sont rapportés par d'autres et tous vont dans le même sens: enlèvements, confiscations (vols) des biens, tortures, menaces de viols, d’emprisonnement.

Les membres du mouvement du 20 février sont interpellés avant, pendant et après les manifestations. D'après les témoins rencontrés certaines personnes sont au moment où nous rédigeons ce texte dans un état grave et ont peur de se rendre dans un hôpital pour se faire soigner. Tout est mis en place pour terroriser les jeunes et les contraindre à ne plus sortir manifester.

AFD International appelle une fois de plus les autorités marocaines à stopper toutes violences à l'encontre des membres du mouvement du 20 février et à respecter leurs droit de se rassembler, de manifester, et de s’exprimer librement.

AFD International
Département Moyen-Orient et Nord Afrique



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