Exclusif ! Voici l’intégrale coup de téléphone passé par Barroso à Hollande. Nous reproduisons in extenso le sermon du président de la Commission européenne sommant le mauvais élève français de respecter les recommandations économiques de Bruxelles.
«François, François, ça suffit ce petit jeu. Tu es bien conscient qu’à la Commission, on n’en peut plus de vous tenir par le fond de culotte, tandis que vous gigotez au-dessus du vide. Si vous continuez vos conneries, avec la BCE et Berlin, on va vous lâcher de haut et vous serez bouffés tout cru par les crocodiles des marchés. Il est temps que vous grandissiez un peu, que vous les Français, entriez enfin dans cette Europe ultralibérale que vous avez construite, gauche et droite confondues, tout en continuant à laisser croire à vos concitoyens que le colbertisme avait encore de beaux jours devant lui.
Jusqu’à présent, j’ai joué profil bas et j’ai avancé masqué, histoire que les populations continuent à croire que leurs élus servaient encore à quelque chose. Mais, là, ça suffit ! Nos amis des banques d’affaires et des fonds de pension n’en peuvent plus de vos tortillements. Donc, en échange des facilités qu’on vous fait, question déficit budgétaire, vous allez ingurgiter la potion, et sans en laisser tomber une goutte, comme avec l’huile de foie de morue de ton enfance, compris ? Alors, sors ton cahier de texte, et note précisément l’intitulé de tes devoirs de vacances.
L’emploi. «S’il te plaît, François, cesse ton traitement social du chômage, tes emplois d’avenir, tes contrats de génération, toute cette bimbeloterie hors d’âge qui ne fait plus illusion. Je vais t’expliquer comment tu vas faire. En avant-scène, tu lèves la gambette et tu joues les majorettes avec ta flexisécurité, mais l’idée c’est de supprimer les CDI et d’arrêter de payer à rien foutre ces feignasses d’assistés. Tu fais comme en Allemagne, tu multiplies les temps partiels et les missions d’intérim. Et puis tu torpilles les indemnités, tu baisses le RMI et tu finiras bien par le faire baisser, ton taux de chômage à deux chiffres. Ah oui, et débrouille-toi pour envoyer à l’asile, ce fou dangereux de Larrouturou qui parle encore de semaine de quatre jours et de partage du travail.
Le coût du travail. «Tu continues la baisse des charges patronales, c’est un impératif catégorique. Claro ? Tu nous as agréablement surpris avec ton choc de compétitivité, d’autant que tu nous avais fait doucement rigoler avec ton pacte de croissance, mais il faut aller plus loin. Reçois les Gattaz père et fils et autres dynasties du Medef. Ils te feront un topo précis que mettra en musique Louis Gallois. En tant qu’ex-chevénementiste, le retraité d’EADS est tout désigné pour faire accepter la purge aux nostalgiques de la grandeur française.
Le protectionnisme. «Augmenter les droits de douanes aux frontières de l’Europe, histoire d’engager un rapport de force avec les émergents ? Mais, t’as vu jouer ça où ? Il est dingue ou quoi, ton Montebourg ? Merkel ne veut pas que son meilleur client, la Chine, lui souffle dans les bronches. Et puis, n’oublie pas qu’aujourd’hui, c’est le capitalisme qui est un tiers-mondisme. Crois-en le militant mao que je fus, quand tu n’as toujours été qu’un social-démo ramollo. Désormais, c’est le capitalisme qui partage les richesses mondiales. C’est lui qui déniaise de nouveaux consommateurs, là-bas, à l’est. Et c’est cette vieille Europe, ripolinée de frais d’idéologie du laisser-faire, qui est le grenier à blé à mettre à sac. On est là pour ça, toi et moi, pour que les multinationales s’engraissent et que la finance prospère. C’est eux qui nous tiennent, mon petit gars, c’est comme ça. Et tant pis si ce sont les classes moyennes occidentales qui morflent.
Les retraites. «Pfff… Quelle tannée, ces retraites ! La seule solution : 50 ans de durée de cotisation. Ou alors, euthanasie obligatoire à partir de 75 ans! Je crois que t’as une loi comme ça dans tes tiroirs, non ? Je rigole, je rigole.
Les impôts. «Là aussi, maintenant, tu joues les docteurs Jivago, pas les Jivaros, compris ? Qu’est-ce que c’est que ce délire des impôts à 75% ? Maintenant que t’es élu, t’arrêtes les bêtises. Tu cajoles, tu chouchoutes. Il faut que les fortunes se sentent en confiance dans ton pays de réducteurs de tête, qu’on puisse dire "heureux comme riches en France".
Sinon, pour la galerie, n’hésite pas à surjouer les outragés, à dire que la France sera toujours la France, que c’est elle qui décide et que tu emmerdes Bruxelles qui n’a pas à te dicter ce que tu dois faire. Les élections ? Quelles élections ? Mais, on s’en fout des élections. On les fera revoter s’ils déconnent…
«Bon, là tu m’excuses, mais faut que j’y aille. J’ai un dîner en petit comité avec mes copains de chez Goldman Sachs, les deux Mario, Draghi et Monti. Le premier dirige la BCE. Et on va confier au second le gouvernement économique de l’eurozone. T’inquiète, on s’occupe de tout !»
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